Poisson d'or, poisson Africain: le commerce fructueux et dangereux du poisson sêché au Sénégal
Poisson d'or, poisson Africain, est disponible sur notre plateforme OAFF
Poisson d’or, poisson Africain est un documentaire d’observation de 52min qui donne la parole aux travailleuses et travailleurs du port de Kafoutine situé dans un village de la région de la Basse-Casamance au Sénégal. Un commerce de pêche très bien organisé s'y opère et réunit femmes, hommes et enfants venant de toute l’Afrique.
Les pêcheurs rentrent de la mer - jeune garçon sénégalais rêvant au loin
Réalisé par Thomas Grand et Moussa Diop en 2018. Il est édité par la société de production, Zideoprod (fondée par les deux réalisateurs).
La même année, le documentaire reçoit la mention spéciale du jury professionnel et du jury jeune, ainsi que le prix du Public lors du festival international "Pêcheur du monde, d’Orient (France) : Un événement culturel qui invite, chaque année, à la découverte d'images inédites, insolites et réalistes des peuples de la mer. Il est également sélectionné au Festival Ecran Noir de Yaoundé et au Festival alimentaire Belgique de Bruxelles en 2018.
Un commerce de poisson qui fait “vivre” toute une génération de famille
Que ce soit le Cameroun, la Guinée ou encore le Burkina, ces zones comptent parmi ces pays où la récolte de poisson se fait de plus en plus rare. Cependant, le village de Kafountine en région casamancienne au Sénégal est épargné et des milliers de personnes de toute l’Afrique de l’ouest et du centre convergent sur cette côte à la limite de la descente des grands bancs de sardinelles qui fréquentent les eaux côtières du Maroc. Ils y trouvent des moyens de survivre dans des conditions de travail très rudes, en mer, comme dans la fumée des fours. Mais y gagnent aussi dans un sens car ils n’ont pas d’autre choix que d’y travailler s'ils veulent subvenir aux besoins de leur famille.
Les difficultés des métiers de la mer en Casamance (Et plus précisément à Kafountine)
Ces milliers de personnes sont en permanence exposées à des dangers de types : intoxication, fractures ou encore noyade. Ils travaillent du lever au coucher du soleil, dans des conditions d'hygiène déplorable, sans parler du salaire qui n’est pas à la hauteur du labeur du travail fourni (un classique).
Et, bien évidemment, l’assurance risque n’existe pas en ces terres.
En plus de la situation désastreuse des femmes et enfants qui travaillent sur le port de Kafountine dans une fumée omniprésente et toxique. Une nouvelle problématique vient déposer la cerise sur le gâteau : les Chinois (les nouveaux colonisateurs ?) et leurs usines qui se sont installées récemment dans le village et qui déversent des eaux usées au pied des travailleurs.
La pêche artisanale et durable, au coeur de la filmographie des réalisateurs
Thomas Grand et Moussa Diop sont convaincus que la pêche durable renvoie d’abord à une réflexion sur les techniques de pêche mais également sur la protection de l’espace maritime côtier pour les populations de pêcheurs.
“IL EST NÉCESSAIRE DE REPENSER L'ÉCONOMIE DE LA PÊCHE" affirme Thomas Grand
Car en effet, si nous prenons le cas de Kafountine et de ses travailleurs, nous ne pouvons pas tellement faire l'éloge d’un environnement et de conditions de travail éthiques.
Cependant, au Sénégal, 600 000 à 2 millions de personnes dépendent de la pêche maritime
Selon l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), “au plan économique et social, le secteur de la pêche joue un rôle important dans l’économie du Sénégal. Il contribue, en effet, pour environ 2% du PIB national. La valeur commerciale des produits a atteint 185 milliards de F Cfa en 2007. Il génère environ 600.000 emplois directs et induits. Et 1.600.000 à 2.000.000 personnes sont dépendantes de la pêche maritime. La pêche continentale, quant à elle, occupe environ 30 à 50.000 personnes. L’aquaculture, elle, intéresse 2.000 personnes”.
La pêche est un pan important de l’économie casamançaise en général, et de Kafountine en particulier.
Ce qui serait judicieux en premier lieu, ce serait d'améliorer les conditions de travail de ces êtres humains (car oui, leur vie compte aussi).
Et pourquoi pas installer des outils issus de l'avancée technologique comme des fours électriques par exemple ou des cheminées qui pourraient évacuer les fumées et préserver la santé des travailleurs et des villages voisins ou encore des gilets de sauvetage.
Poisson d’Or, Poisson Africain est un récit inédit retraçant tout le parcours de la chaîne de production du poisson dit “de Kafoutine”, du pêcheur à l'emballeur de marchandise.
À cœur ouvert, les travailleurs nous livrent leurs ressentis, leurs angoisses, leurs avis mais également les choix qu’ils ont fait.
Un documentaire profondément touchant qui donne envie de se rendre sur place pour rencontrer ces personnes braves et pleines de sérénité à la fois.
Où voir le film ?
Retrouvez le film Poisson d'or, poisson Africain, sur notre plateforme OAFF
Soum Diarra, rédactrice Cinéwax