Nouveaux talents #6: Zoom sur les talents africains du cinéma suisse
Damien Hauser, Alicia Mendy et Nathan Clément sont trois réalisateurs afro-descendants formés en Suisse. Découvrez de quelle façon, ils s’approprient leur héritage africain et l’illustrent dans leurs réalisations.
Damien Hauser : Le prodige
Damien Hauser est un réalisateur d’origine suisse et kényane. À 23 ans, il a déjà réalisé trois longs-métrages et fondé sa boîte de production. Précoce, à sept ans, Hauser fait ses premiers pas de réalisateurs à Zurich. Derrière sa caméra, il transforme ses voisins en acteurs et son quartier en décor.
“ Quand j’étais jeune, mon but était de faire des films déconseillés aux moins de seize ans. Je n’avais pas le droit de les voir donc mon objectif est devenu de les faire. ”
À 15 ans, Hauser rejoint le SAE Film Institute de Zurich où il étudie le cinéma pendant quatre ans.
“ En école, je me suis intéressé à ce qui ne m'intéressait pas. Étudier la rédaction de scénarios et le financement de films à fait grandir mon intérêt pour ces sujets. Aujourd’hui, je pense maîtriser toutes les étapes de production d’un film. En travaillant sur chacune d’entre elles, je ne m’ennuie jamais ! ”
Après avoir été diplômé, Hauser travaille pendant deux ans pour l’agence de publicité Filme Von Draussen. Toutefois, il continue de travailler sur ses projets personnels et fonde en 2021 MAMAFRICA, sa boîte de production.
“ Fonder une boîte de production me permet de chercher des financements. Mes premiers films n’avaient pas besoin de gros budget mais ce n’est pas le cas pour les prochains. Je ne veux pas être limité. ”
En 2021, il produit son premier film et crée la surprise avec Blind Love. Il raconte la romance entre un homme aveugle et une femme sourde. Le réalisateur effectue un tour de force, occupant la quasi-totalité des postes de l’équipe technique : caméraman, monteur, compositeur et producteur. Le film fait sa première au Black nights Festival de Tallinn et est nommé au festival de film de Durban.
En 2023 Hauser réalise After the long Rains, son troisième long-métrage. Le film raconte l’histoire d’une kényane de 10 ans souhaitant rompre avec une tradition interdisant aux femmes de devenir pêcheuses. Actuellement, il travaille sur son prochain long-métrage, une romance qui aura lieu dans un futur proche.
Film après film, Damien Hauser continue d’explorer sa relation avec son pays d’origine.
Alicia Mendy : L’exploratrice
Alicia Mendy est une réalisatrice suisse d’origine sénégalaise et italienne. En 2023, elle reçoit le prix du meilleur film des écoles suisses pour son court-métrage Beutset.
Avant de se lancer dans le cinéma, Alicia Mendy étudiait la sociologie. C’est après une réorientation, qu’elle commence sa formation dans le cinéma à la HEAD Genève. Diplômée en 2023, elle a réalisé pendant ses études cinq courts métrages. Entre mer et ciel (2022), est le premier film dans plusieurs pays : la Suisse, le Sénégal et la Guinée-Bissau.
“Je n’avais pas prévu de filmer en Guinée Bissau mais tous les matins ma famille me réveillait pour que je vienne filmer des trucs, parce que y’avait pas moyen que je sois là avec une caméra et que je ne filme pas.”
Dans ses réalisations, elle s’attache à représenter des africains dans un contexte de science-fiction ou de fantaisie, deux genres peu investis par les cinéastes afro-descendants.
En plus de réaliser, Alicia Mendy compose aussi la musique de ses films. Elle se nourrit de musique classique et de musique afro pour composer ses bandes originales ainsi que celles d’autres réalisateurs.
Nathan Clément : Le débrouillard
Nathan Clément est un réalisateur réunionnais de nationalité française ayant étudié le cinéma en Suisse à la Haute école d’Arts et de Design de Genève. Au cours de sa formation il réalise trois courts métrages.
Durant la pandémie de covid-19, il se réinvente et réalise La promenade sous les arbres (2021) . Ce court film suit sa famille au cours d’une journée de printemps dans la Drôme. Clément filme, monte, réalise et compose la musique du court.
En 2021, il rejoint le programme open to change, une initiative mise en place par les marques Converse, Dazed Magazine et l’artiste Samuel Ross. Elle offre à huit créatifs les ressources financières et éducatives leur permettant de repousser les limites de leur créativité.
Malgré une carrière internationale, il reste très attaché à ses origines, parsemant de références à l’île de la Réunion.
“En grandissant, je n’ai pas vu assez de gens qui me ressemblaient à l’écran et j’ai l’impression qu’il est de mon devoir de montrer d’autres visages, d’autres relations et d’autres attitudes dans des histoires captivantes.”
Le point fort de ces nouveaux talents est leur autonomie. Ils réalisent, montent et produisent. Cela leur permet de raconter des histoires rarement mises en avant au cinéma, les leurs. En tournant dans leur pays d’origine ou dans leur famille, ils nous montrent que les histoires des afro-descendant ont leur place sur le grand écran.
Tu as aimé cette article? Abonne-toi à notre newsletter pour recevoir plus de nouveaux talents
Suivez nous @cinewax Instagram Tiktok Facebook
Jesse Eko Ebongue - rédacteur Cinewax