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"Le Garçon Qui Dompta le Vent", quand Netflix fait du bruit avec un film tourné au Malawi

Primé au festival Sundance, Le Garçon qui Dompta le Vent est la première réalisation de l’acteur britanno-nigérian Chiwetel Ejiofor, qui avait marqué les esprits avec son rôle dans Twelve Years A Slave (Steve McQueen, 2014). On y retrouve aussi l'actrice française Aïssa Maïga qui y joue la mère du personnage principal.

La famille Kamkwamba : Agnes (Aïssa Maïga), Annie (Lily Banda), William (Maxwell Simba), Trywell (Chiwetel Ejiofor)

Comment un jeune garçon sauva son village de la famine

Le film est une adaptation du livre du même titre dans lequel l’auteur, William Kamkwamba, raconte sa propre histoire. Celle d’un jeune garçon qui, au début des années 2000, construit une éolienne à partir de presque rien dans son petit village du Malawi. Il permettra ainsi d'apporter l’énergie suffisante pour remonter de l’eau des profondeurs du sol et sauver les habitants de la famine. A l’heure où le pays d'Afrique Australe traverse une nouvelle période d’intempéries meurtrières, le film résonne fort.

Touchant sans être larmoyant, Le Garçon qui dompta le Vent est presque un “feel good movie”. On se laisse porter par le récit, en grande partie grâce au jeu des acteurs qui est juste, sans jamais tomber dans la surinterprétation malgré le sujet tragique. On remarquera particulièrement la prestation du jeune acteur Maxwell Simba qui interprète le rôle principal et qu’on espère revoir à l’écran.

Lorsque j’écrivais le livre avec mon co-auteur, Bryan, nous voulions toucher le plus grand nombre de personnes possible. Le faire passer à l’ écran signifie qu’il atteindra encore plus de personnes ” - William Kamkwamba pour le site Film School Rejects 

Le film ne finira pas sur un écran de cinéma, mais il a été acheté par Netflix pour une diffusion monde sur sa plateforme SVOD à partir du 1er mars 2019. Il sera ainsi peut-être plus vu que s’il était sorti en salles. Serait-ce donc ça le pouvoir de Netflix? Démocratiser une oeuvre dont le sujet, le pays et la langue pourraient intimider le grand public ?

Le choix du chichewa

Alors que le réalisateur et la production majoritaire sont britanniques, la langue la plus parlée dans le film est le chichewa, la deuxième langue officielle du Malawi après l’anglais. Il se démarque ainsi des production américaines qui, lorsqu'elles sont situées dans des pays étrangers, mettent en scène des personnages parlant anglais avec un accent local, dans un apparent souci d'authenticité malvenu et très critiqué.

Chiwetel Ejiofor a lui fait le choix de respecter la réalité linguistique du pays. L’anglais est parlé à l’école, dans le milieu politique et industriel, tandis que le chichewa est la langue de la famille, de la vie en société. Les spectateurs devront donc faire l’effort de lire les sous-titres s’ils souhaitent le regarder. En effet, même si le film a été doublé en plusieurs langues (allemand, espagnol, français), lorsque l’on choisi l’option “anglais [VO]” le film est bien en chichewa et en anglais. Qu’à cela ne tienne, le public américain devra s’en contenter !

A une époque où les oeuvres audiovisuelles sont trop souvent soumises au “whitewashing”, Le Garçon qui Dompta le Vent” prouve donc qu’il est possible de réaliser un film à gros budget sur un sujet africain, en exigeant un effort de la part du spectateur.

 Je voulais vraiment que les gens fassent l'expérience de ce lieu comme je le vivais - un lieu riche, culturel et détaillé (...) cette authenticité serait une expérience de téléportation merveilleuse pour un public.” - Chiwetel Ejiofor 

 Pourtant, le public parlant le chichewa a rapidement pointé du doigt les dialogues truffés d'erreurs. Il est donc dommage que les textes n’aient pas été travaillé plu rigoureusement. Faire jouer des acteurs locaux aurait réglé le problème, mais saluons ce choix en se disant, peut être un peu trop naïvement, qu’il ouvre la porte à d’autres grosses productions dans des pays qui ne bénéficient habituellement pas d’une exposition aussi importante, et que la prochaine fois, en plus d’avoir tourné le film dans la langue du pays, le réalisateur et les acteurs ne seront pas non plus étrangers et le film sortira en salles de cinéma !

Sarah Moustakim - Rédactrice Cinewax 

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