Critique : Blood & Water, la nouvelle production 100% africaine de Netflix
Réalisée par Nosipho Dumisa et Travis Taute, la nouvelle production sud-africaine Blood & Water est sortie le 20 mai sur Netflix et elle a déjà fait beaucoup parler d’elle. Cette série s’avère être un savant mélange d’intrigues, de scandales, de romances d’adolescents et de suspens. Le tout 100% made in (South) Africa.
Hantée par le souvenir de sa grande soeur Phumele qui a été enlevée à la naissance, Puleng Khumalo tente de mener une adolescence insouciante loin des drames qui secouent sa famille. Mais tout bascule lors d’une soirée d’anniversaire où elle rencontre Fikile Bhele, élève modèle et championne de natation de la prestigieuse école Parkhurst High. Puleng est persuadée que Fikile n’est autre que sa soeur disparue. Elle décide donc de s’infiltrer au sein de Parkhurst High afin d’y mener son enquête. En d’autres termes, c’est le début des problèmes…
Blood & Water : du teen drama garanti 0 cliché
Une école prestigieuse, des scandales familiaux, du drama, de la romance, des soirées étudiantes arrosées et... du sexe. Vous avez là la recette de Blood & Water, la nouvelle série sud-africaine de Netflix. Une recette qui m’a fait apprécier la série alors même que je ne raffole pas des teen drama que je considère habituellement clichés et larmoyants à souhait.
J’étais presque toujours surprise par des retournements de situation haletants.
Pourtant, Blood & Water détonne par son scénario rondement mené et ses personnages réalistes. Car s’il est vrai que le récit se concentre principalement sur l’obsession de Puleng à retrouver sa soeur, d’autres intrigues et personnages se révèlent tout au long des épisodes, le tout s'entremêlant avec une harmonie et un suspens imprévisibles. En effet, là où je m’attendais à des dénouements courus d’avance, j’étais presque toujours surprise par des retournements de situation haletants.
Loin d’être manichéens ou clichés, les personnages révèlent une part de complexité qui leur est propre et qui les rend aussi attachants qu’imprédictibles. Ces personnages sont rendus crédibles par le jeu sans fausse note des acteurs et actrices de la série, à commencer par Ama Quamata dans le rôle principal de Puleng et Khosi Ngema dans celui de Fikile Bhele. Il y'a également l'agaçante Wendy, étudiante et défenseuse auto-proclamée des droits des opprimées interprété par Natasha Thahane, ou encore Dillon Windvogel qui joue Wade, le fidèle acolyte de Puleng.
Ces acteurs, jeunes et prometteurs, permettent d’apprécier les talents créatifs sud-africains.
Ama Quamata (à gauche) dans le rôle de Puleng et de Khosi Ngema (à droite) dans celui de Fikile Bhele.
Quand Netflix mise sur le continent africain
Blood & Water n’est pas seulement l’une des nouvelles séries tendances du moment. Elle est aussi une vitrine valorisante de l’Afrique et de sa créativité. La série nous montre en effet une nouvelle facette du continent qui contraste avec les clichés de famine, d’extrême pauvreté et de guerre souvent promus par les médias. Ici, on aperçoit plutôt une Afrique connectée, moderne et développée.
La série nous montre une facette du continent qui contraste avec les clichés de famine, d’extrême pauvreté et de guerre.
Parallèlement, la série parvient à conserver l’importance des cultures autochtones d’Afrique du Sud. Lorsqu’on regarde la série en VO, on peut notamment apprécier certaines phrases et expressions en langues Zoulou et Xhosa.
Puleng (Ama Quamata) et Wade (Dillon Windvogel), son fidèle acolyte dans l'enquête
Tout ceci, sans compter une parfaite qualité d’image ainsi qu’une soundtrack entraînante qui met en lumière des artistes sud-africains tels que Amanda Black, Afrikan Roots, ou encore la rappeuse Dope Saint Jude.
Blood & Water illustre surtout la volonté de Netflix à miser sur le continent africain et ses jeunes talents. La célèbre plateforme de vidéo à la demande n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. En 2019, elle avait également lancé la série Queen Sono, elle aussi originaire d’Afrique du Sud et sortie en février dernier. Responsable de la création pour l’Afrique subsaharienne chez Netflix, la Kényane Dorothy Ghettuba explique au journal Le Monde cet intérêt pour le 100% made in Africa :
“L’Afrique a toujours été dépeinte sous le même angle, comme un continent de souffrances. Mais nous pensons qu’il y a tant à raconter [...] Nous souhaitons mettre en avant des histoires optimistes, fascinantes, les meilleures. Et pour cela, nous voulons vraiment offrir un contenu varié et de différents types : de la série romantique de suspens comme Blood and Water aux films d’action, en passant par des thrillers ou de l’animation [...] Il y a tellement de choses que l’Afrique peut montrer au reste du monde.”
Autant vous dire que la première saison de Blood & Water a envoyé du très lourd et qu’elle m’a donné de grandes attentes pour la saison 2 !
Audrey Abaca, Rédactrice Cinewax