Les cinémas africains au festival du court-métrage de Clermont-Ferrand
Rendez-vous des cinéastes et cinéphiles, le festival du court métrage de Clermont-Ferrand est au rendez-vous comme chaque années pour sa 41ème édition.
Il s’est tenu du 1er au 9 Février 2019 en plein centre de la ville. Comme toujours, il reçoit une sélection de films africains. Des court-métrages allant de 5 à 60 minutes, tous aussi croustillant les uns et les autres ainsi que des thématique a en couper le souffle.
Le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand est aujourd'hui la plus importante manifestation cinématographique mondiale consacrée au court métrage. En terme d'audience (plus de 160 000 entrées en 2017) et de présence professionnelle, c'est le deuxième festival de cinéma en France après le festival de Cannes.
En ce qui nous concerne, nous y avons participé et ce fut bien plus qu’enrichissant. Chaque jour, une sélection de 4 films africains était projeté dans un des lieux recevant le festival.
Nous avons relevés que les thématiques abordés poussaient a la réflexion et étaient surtout très variés. Ayant beaucoup échangés avec le public, nous avons constatés que la sélection d’Afrique intéresse et intrigue énormément.
Aujourd’hui, nous vous partageons notre expérience au sein de ce fabuleux festival. Parmi la sélection, nous retrouvons des productions telles que :
Lucia de Claver Ery et Marin Gretel (Angola, 16′)
De type expérimental, cette ballade littéraire nous rappel la condition de ces femmes enfermées dans un rôle stéréotypé malgré elles. Une femme emprisonnée dans un rôle dévastant et accepté par la société.
A mesure du récit, son personnage apparaît dans la pénombre dans une ambiance censurée. Ses droits lui sont retirés, elle vit à travers elle même.
Le Mil de la Mort de Jaloud Tangui Zainou (Niger, 35′)
Un drame héroïque adapté d’un conte Nigérien.
Cette fable nous raconte l’histoire d’Inawanto, une femme courageuse et rusée, prête a tout pour sauver son village de la famine. En pleine société patriarcale, elle ose défier les lois des “dirigeants”.
La ou les hommes échouent face à la mort, Inawanto nous surprend et rapporte le trophée. Entre chants de griots et panoramique sur le très célèbre fleuve Niger, ce récit nous rappel l’indispensabilité des femmes au coeur des villages d’Afrique. Des femmes fortes et courageuses qui portent le poids du monde.
Théâtre Urbain de Nelson Makengo (Rdc, 13’)
Similaire à un road movie, Theatre urbain nous éveil sur la fameuse histoire encore méconnue de Kimpa Vita, une prophétesse Angolaise ayant luttée pour la restauration du Royaume Kongo au 18ème siècle.
Le tout dans une mise en scène farfelue et pleine de vie.
Le réalisateur souhaite également montrer un paysage plein d'énergie ou chaque individu se prête au jeu avec sourire et amabilité.
My mother’s stew de Sade Adeniran (Nigeria, 5’)
Cette courte animation tournée en noir et blanc et pleine d'émotions plonge la réalisatrice dans des souvenirs lointains.
Entre moments précieux et souvenirs d’enfance, nous sommes ici plongé dans un fabuleux cadre familiale ou chaque personnage semble unique. Le graphisme est très agréable à visionner, l’animation très épurée et l’ambiance générale du court métrage très lumineux. Bien que très court, My mother’s stew laisse son empreinte
Bukiikakkono de Peter Tukei Muhumuza (Ouganda, 9’)
L’histoire se passe dans un petit village ou la plupart des hommes ont du partir en Europe.
Jane, la protagoniste est tiraillée entre le coeur et la raison. Doit-elle choisir l’homme qu’elle a aimé ou l’homme absent mais riche ?
Une mise en scène stupéfiante, a la limite de l’absurde, des chants pleins à craquer et de très beaux costumes. Entre questionnement et réflexion, Bukiikakkono nous invite a explorer un terrain inconnu.
Famille de Catherine Cosme (Belgique, 25’)
Une jeune femme accueille une famille somalienne, en attendant leur convocation pour régularisation, étant des étrangers pour le pays.
Dès lors, nous constaterons la barrière culturelle et donc leurs difficultés à communiquer.
A table, des silences s’imposent jusqu'à semer le doute et l’angoisse chez certains.
Encore faut-il comprendre ce qui a pousser cette famille à fuir la Somalie et leurs attentes face à ce nouveau modèle de société, bien que n'étant pas sur d'être acceptés.
Les Pastèques du Cheikh de Kaouther ben Hania (Tunisie, 23’)
Entre humour et dérision, le réalisateur dresse un portrait moqueur d’un Imam amené à effectuer des actions peu tolérables en temps normal et ce, sous contrainte.
Ici, on décrédibilise les intégristes avec humour et minutie. Ce court-métrage questionne également sur la manipulation infligé au islamistes.
I had to burry Cucu de Philippa Ndisi-Hermann (Kenya, 14’)
Drame poignant sur l’histoire de deux jeunes adolescents étant contraints de retourner voir un membre de leur famille qui auparavant avait abusé d’eux sexuellement.
Ici, la pédophilie, un sujet qui fâche, est mis en lumière.
Sous un silence nerveux, ce récit nous plonge dans l'âme de ces deux jeunes garçons remplit de dégoût et de peur à l'égard de leur ennemi.
Femme de l'ambassadeur de Theresa Traoré Dahlberg (Burkina Faso, 20’)
Un documentaire filmant une femme d’ambassadeur assignée à résidence car ne pouvant pas travailler.
Entre ennui et demi mal être, cette dernière passe ses journée à nager ainsi qu'à faire le tour de sa luxueuse résidence.
Une ambiance chaotiquement correct, ou la solitude et l’ennui exagéré règne et laisse donc le spectateur perplexe.
Haus de Joseph Amenta (Canada, 15’)
Un jeune homosexuel sans domicile fixe, vit chez un copain.
Tout les deux passionnés de danse, ils se préparent pour un concours au Kiki Ball
L’un d’eux doit reprendre contacte avec sa famille qui reni son style de vie et donc choisi de s’en créer une nouvelle parmi les siens.
Un récit politique qui aborde la question de l’homosexualité en terre africaine.
Ma coépouse bien aimée d’Angèle Diabang (Senegal 15’)
Nous suivons ici le parcours de deux femmes contraintes de vivre l’une avec l’autre car coépouses. Entre tension et absence de communication, elles nous racontent la tragédie que cela est de partager son époux.
Ce court métrage dépeint une société patriarcale où la polygamie règne.
Une société où les femmes sont contraintes de vivres en tant que coépouses malgré elles.
On observe que malgré la difficulté de supporter cette condition, ces deux femmes deviennent de plus en plus solidaires l’une envers l’autre
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A noter que pour cette édition, les femmes tiennent un rôle majeur dans les pépites projetés lors du festival.
Pour davantage d’informations, nous vous invitons à vous rendre sur le site du Festival de Clermont-Ferrand, édition 2019
Soum Gassama - Rédactrice Cinewax