Bob Marley, One Love - l'histoire d'une légende
Seul les plus aguéri·e·s en mauvaise foi sont capable d’affirmer ne rien ressentir d'autre chose que du positif à l'écoute d’un titre de Bob Marley. La légende du reggea revient sous un oeil nouveau, dans un biopic musical réussi réalisé par Reinaldo Marcus Green.
Bob Marley fait parti de ces personnalités mythique qu'on aurait tendance à placé à côté de noms comme Gandhi, Che Guevara ou Mohammed Ali.
"Skip" ou Bob se retrouve naturellement dans la classe des gens qui ont marqué ce monde, du côté des combattants de la paix. C'est aussi un de ces artistes qui ont eu un impact tel qu'il est très rare de rencontrer quelqu'un qui ne connait pas. Autant d'éléments qui font de l'exercice du biopic un défi complexe et courageux ! Relevé haut la main par Reinaldo Marcus Green et l'acteur principal Kingsley Ben-Adir.
Robert Nesta Marley
Quel est ce nom ? Bob pour Robert. Marley pour le nom de son britannique militaire de géniteur. Nesta, le prénom donné par la mère, Cedella Malcolm fille de fermier du nord de l'île. C’est le nom du chanteur le plus connu de l’île la plus belle de la Caraïbe. C’est le nom de l’ambassadeur (ou prosélyte) du rastafarisme et de son message premier : l’amour, One Love. C’est aussi le nom d’un royaume au service de ce message, car Bob Marley n’existe que s’il est suivi de la mention « and The Wailers ».
Le film ne raconte pas seulement l'histoire de la vie de Bob Marley mais propose de s'interroger sur la mission rasta mené par le collectif et comment ont-ils diffuser leur message au monde et quel impact a-il-eu sur la Jamaïque de l'époque. Naturellement ce projet (le film) est porté par la veuve de Bob, Rita Marley et son fils sosie Ziggy.
Bob Marley interview par le Daily Mirror à Londres en 1978
Contexte historique
On est plongé dans la Jamaïque du milieu des années 70 avec ses armes de poings, sa présence militaire et bien sur ses sound-systems et sa musique omniprésente. Tout cela au milieu d'une nature luxuriante. On est au cœur des conflits qui divisent le pays entre les deux partis majeurs JLP/PNP (Jamaican Labour Party/People's National Party). La capitale, Kingston, est déchirée par la violence des gangs affiliés aux partis et celle des corps d'État qui harcèlent les rastafaris. Nous sommes en plein dans les années Manley (PNP) qui a pris le pouvoir en 72, on aperçois même un certain Claudie Massop leader du gang Shower Posse (sur ce sujet (re)lire Babylon on a Thin Wire de Michael Thomas). Il s'agit d'une société jamaïcaine littéralement sous pression dans laquelle Bob Marley et son royaume vont tenter une résistance pacifique et musicale.
Résistance organisée depuis la forteresse du 56 Hope Roads - demeure acquise par Bob en 74 aux dépends de Chris Blackwell fondateur du label Island Records (label majeur du reggae) -. On remonte aussi aux sources spirituelles du mouvement en se perdant dans les collines à la rencontre d’un prêtre rastafari qui nous rappelle l’origine orale du chanté jamaïcain (tout comme le parlé des gangsters de trenchtown d'ailleurs). On comprendra dans ces collines que le chanteur devra faire face à son défi cornélien : fricoter avec Babylon pour combattre Babylon. - Pour les rastafaris, Babylon system représente l'ennemi occidental et son système esclavagiste et colonialiste dominant -.
Interprétation et mise en scène
La première chose frappante dans le film est l’aisance et l’humilité avec laquelle le britannique Kingsley Ben-Adir revêt la toison du roi… si bien, qu’on en oubli le visage du "vrai" avant de revoir les images d’archives ! Pour ce qui est de la bande originale je crois qu’il est inutile de préciser le répertoire. Mais ce qu’il est important de noter, c’est la qualité du travail de ré-enregistrement des classiques et de l’interprétation du comédien une fois de plus. Dans la plus pure tradition marleysienne on puise dans l’héritage familial ; c’est donc Stephen Marley qui supervise cette partie du job avec brio !
Cependant, la mise en scène ne s’est pas portée uniquement sur l’aspect musical et la redécouverte de nos berceuses de notre enfance ou jeunesse (tout dépend de l'âge du spectateur…). En d’autres thermes, il ne s’agit pas d’une comédie musicale mais du conte d’un parcours humain collectif, porté par un homme à la fois charismatique et génial. On comprend cette histoire entre les sessions de créations et répétitions plutôt crédibles, faites de jolies mises en scène un brin poétique. On retrouve également l'aspect sportif du chanteur et notamment sa passion pour le football. Autant d'éléments qui en font un film qui fait du bien, tout simplement !
« If you swim in polluted water, you get polluted. »
Love and Hate
S’il sont plutôt édulcorés, les travers de Robert Nesta n’en sont pas moins présents. Ego, violence, humeurs. Le fils Ziggy précisera d’ailleurs lors de la première jamaïcaine qu’ils s’agissait d’un point d’honneur dans le travail cinématographique. Tout comme les qualités de sa compagnone de lutte, Rita Alfarita Constantia Marley. Elle, fait preuve de dévouement à la mission rasta avec encore plus d’entièreté. Elle est présentée comme la seule à remettre en cause les décisions du patron et la seule à rester imperméable à toute pollution ou tentation de Babylon quand certain·e·s (dont Bob lui-même) s'accommodent de ses plaisirs (alcools, fêtes, …). Bobby, lui peut faire preuve de faiblesse ; toujours persuadé de rendre juste plus audible le message.
Le film sort en salle mercredi 14 février. Toutes les séances sur allocine
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Rédacteur pour Cinewax : Alif