Afropolitaine, la série 100% Afro-French touch
Afropolitaine est une web série humoristique de 10 x 4 ou 6 minutes dont l’action se déroule dans le milieu des salons de coiffure afro du quartier Château d’Eau à Paris. Le scénario, signé Aline Angelo Milla et Soraya Milla, se déroule à notre époque, à Paris, capitale européenne Afro-cosmopolite. L’intrigue suit le parcours des deux jeunes femmes : Yvoire, une afro-descendante de 24 ans et sa sœur cadette Janis, toutes deux en pleine (dé)construction identitaire. Alors qu’Yvoire cherche à concilier sa culture afro et sa culture française, Janis, elle, est une afro-féministe chevronnée et présidente de l’association Black Lives Matter de la Goutte d’Or (Paris 18e).
Leurs divergences d’opinion entraînent régulièrement des disputes qui ne manquent pas de sel, mais la réalité du travail qui s’accumule au salon de coiffure tenu par leur mère, Tantie Thérèse, finit par résoudre les hostilités.
Afropolitaine est une oeuvre de fiction qui dépeint de manière fidèle la vie quotidienne de la communauté africaine du dixième arrondissement de Paris. Inspirées de faits réels, les scènes sont tournées en décors naturels, en partenariat avec les commerçants du quartier Château d’Eau, les créateurs, artistes et influenceurs locaux, tous invités à jouer leur propre rôle. Les réalisatrices n’hésitent pas à concilier des scènes écrites du scénario avec le calendrier des manifestations culturelles afro parisiennes et franciliennes. Leur but : mettre en lumière et célébrer la vibe Afro-descendante de la diaspora française.
Le lancement de la série aura lieu le 1er octobre 2020 sur Youtube. Pour l’occasion, Cinewax est parti à la rencontre de ce duo de réalisatrices mère-fille qui promet de gâter le coin !
Entretien
Cinewax : Quelle est l’origine de cette web série ?
Aline Angelo-Milla et Soraya Milla :
Nous avons commencé à écrire cette série en 2016. Nous avions le désir fort de raconter des histoires qui se situaient dans les grandes métropoles africaines, afin de poser un regard neuf et résolument moderne sur la vie citadine en Afrique de l'Ouest francophone dont nous sommes originaires. Pour y avoir vécu, on trouve qu'il y a tellement de choses qui se passent dans une capitale comme Abidjan, d'un quartier à l'autre, qu’on voulait rendre hommage à cette vibe. On souhaitait également questionner l'émergence – terme qui était martelé à tout va au début des années 2000. Qu'est-ce qu'on entendait par émergence, qui concernait-elle ?
On a donc écrit l'histoire d'une jeune femme ivoiro-française qui, sur un coup de tête, postulait pour un job dans une société d'évènementiel à Abidjan, et retournait vivre en Côte d'Ivoire. Une fois sur place, elle réalise qu'elle n'a plus du tout les codes du pays, qu'elle s'est européanisée après toutes ces années passées en France. Elle vit un choc culturel comme de nombreux returnee (une personne qui retourne dans le pays de ses attaches culturelles, familiales, linguistiques après une longue absence). Pour autant, elle n'a pas envie de renoncer à ce retour aux sources et cette opportunité d'apporter sa contribution à la vie de son pays.
« Afropolitaine, c'est un mot valise qui vient de la fusion des termes "Africain" et "Métropole". Ce terme, c'est le point de départ de notre désir commun d'écrire une histoire qui se déroule au cœur d'une grande ville Africaine, avec des protagonistes confrontés à des problématiques citadines.»
On a rencontré divers producteurs à Paris qui nous ont dit qu'il fallait réécrire le projet où 50% de l’action se déroulerait en France et l’autre moitié en Côte d'Ivoire, à défaut de ne jamais trouver de fonds. Nous avons donc planché sur une première partie de la saison en France qui raconte l'incident déclencheur qui pousse notre protagoniste à retourner en Afrique. Nous avons pris tellement de plaisir à construire son univers ici, que cela s'est transformé en une première saison entièrement sur Paris.
Nous avons alors signé une option avec une société de production et pendant un an, on a cherché un diffuseur. Netflix a témoigné de l'intérêt pour le projet mais a finalement décliné l'offre. Nous étions d'abord très déçues mais on a décidé de ne pas se laisser abattre. Avec des plateformes comme Youtube ou Facebook, nous avons tout à fait l'opportunité de donner vie à ce projet et de le partager à une audience, qui nous sommes sûres, est en quête de ce type de programme. On a donc adapté le format 26 minutes en 4 minutes, pour créer une première saison de 10 épisodes qui plantent l'univers d'Afropolitaine et les personnages principaux.
Nous avons entièrement auto-produit le tout, et nous espérons que ce sera une réussite qui nous permettra de trouver des financements pour notre projet initial de plus grande envergure, en convainquant les diffuseurs que le public est en demande de série plus diversifiées. Il y a tant de nationalités différentes qui se côtoient à Paris, et on rêve, à l'image des anglo-saxons, qu'il y ait en France une offre de séries qui explorent ces différentes communautés. Certaines qui se passent dans le milieu indo-pakistanais de la gare de l'Est, d'autres qui s'immergent dans la communauté asiatique du 13ème arrondissement de Paris, etc.). Ainsi, les thèmes liés à la multi-culturalité pourraient être traités avec plus de liberté, de possibilités et d’authenticité. Nous sommes convaincues que l'on gagne tous à mieux se connaître, et le cinéma ou les séries entre autres, permettent cela.
Cinewax : Qu’est-ce qu’une Afropolitaine ?
A. Angelo-Milla et S. Milla :
C'est un mot valise qui vient de la fusion des termes "Africain" et "Métropole". Ce terme, c'est le point de départ de notre désir commun d'écrire une histoire qui se déroule au cœur d'une grande ville Africaine, avec des protagonistes confrontés à des problématiques citadines.
Nous avons gardé ce titre car il colle aussi tout à fait au microcosme de Château d'Eau que nous dépeignons dans la web série : cette mini Afrique dans la métropole de Paris. De plus, nos héroïnes sont des femmes.
Cinewax : Quelles sont vos influences cinématographiques ?
A. Angelo-Milla et S. Milla :
Notre culture cinématographique est très variée, néanmoins nous abordons l'exercice de la web série comme un champ d'expérimentations nouvelles. On l'aborde sans référence cinématographique car le langage web fonctionne autrement : la temporalité n'est pas la même, le découpage est très différent. Quand on tourne, on essaye de garder en tête le fait que beaucoup de personnes vont regarder la série sur leur téléphone portable, donc parfois sans le son !
On s'est beaucoup amusées au montage, ça va être très rythmé, très "pop", on a incorporé des matériaux très hétéroclites : les rushs du tournage bien sûr mais aussi des photos, des extraits de vidéo youtube, des gifs... Le web nous donne une liberté totale.
IL ÉTAIT UNE FOIS...
Le 2 août 1989 à Paris, Aline Angelo Milla met au monde Soraya Milla. Lorsqu’elle atteint l’âge de neuf ans, Aline décide qu’il est temps qu’elle connaisse la chaleur de sa terre d’origine, l’Afrique. La famille déménage en Côte d’Ivoire où pendant quatre ans, la jeune lionne s’enracine à merveille. Mais le retour aux sources prend fin en 2002 suite à l’éclatement d’une guerre civile qui sévira pendant 10 ans. De retour en France, Soraya Milla, désormais âgée de 13 ans a du mal à se réadapter à cette terre où elle est pourtant née. Son accent ivoirien, ses cheveux frisés, et ce sobriquet « Fatou » qu’on lui colle au lycée... Aline, qui, plus jeune, a connu les mêmes dilemmes, lui répète avec sagesse et conviction que sa différence est sa richesse. Il faudra du temps pour que ces mots magiques agissent. Dix ans passent. La lionne a grandi, de peluche elle s’est changée en fauve.
À travers ses films, elle rugit son adolescence difficile, ses questionnements identitaires et interroge sa multi-culturalité : Exotique (2015), Au pays des Merveilles (2017), Vitiligo (2018). Noël 2016, elle offre à sa mère, qui en a toujours rêvé, un beau cahier bleu et 2 stylos en lui disant : « Maintenant
c’est à toi, maman, de raconter des histoires ». À quatre mains et deux voix, mère et fille écrivent au fil des mois : c’est la naissance d’Afropolitaine.
La série raconte ce que c’est d’être en permanence entre deux cultures, parle de l’expérience de la multi-culturalité, montre la vie des noirs-es en région parisienne, et la vie de noirs-es dans une capitale africaine aujourd’hui.
(texte écrit par Aline Angelo Milla et Soraya Milla)
Aline Angelo-Milla est née d’un père dahoméen (actuel Bénin) et d’une mère française, en France. Le Dahomey étant devenu indépendant en 1960, ses parents rentrent s’installer à Cotonou, en 1962.
Depuis sa plus tendre enfance, elle a l’habitude de circuler d’une culture à une autre : elle vit au Bénin et passe les grandes vacances chez ses grands-parents, en France. Lorsqu’elle a 14 ans, sa mère revient s’installer en France, le mouvement s’inverse donc, elle vit en France et part en vacances au Bénin.
Le baccalauréat en poche, elle se dirige vers des études de cinéma pour devenir scripte. Quelques années plus tard, après la naissance de son troisième enfant, elle a le désir d’emmener ses enfants vivre en Afrique. Après avoir décroché un poste de responsable du département production d’une agence de communication, son mari et elle partent avec leurs enfants s’installer à Abidjan courant 1999. Ils y vivront pendant un peu moins de 5 ans. C’est une expérience riche en créations : lignes de vêtements, de bijoux, mosaïques et mise en valeur de la scène artistique contemporaine d’Abidjan, etc.
Le retour en France sera forcé et se fera dans la douleur : c’est l’époque où la Côte d’Ivoire connaît les débuts de la guerre civile. Elle retrouve un poste de directrice de production au sein d'une chaîne de télévision française (M6) en région parisienne. Le rythme métro-boulot-dodo reprend le dessus et Aline Angelo-Milla n’a plus de temps pour exprimer sa créativité. C’était sans compter ce fameux Noël 2016…
La suite vous la connaissez ou presque : rendez-vous le 1er octobre !
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Sidney Cadot-Sambosi - rédactrice Cinewax