African Horror Night vendredi 15 novembre à 19h30! Billetterie ici

Africajarc : l'Afrique dans tous ses états

Du 18 au 21 juillet dernier se tenait Africajarc, un festival de cultures africaines perché dans un magnifique village au cœur du Lot. Cinewax a rencontré Colin Dupré et Julie de Suremain, chargés de la programmation cinématographique du festival.



Africajarc, c’est une programmation musicale détonante et éclectique à écouter le soir avec un verre de bissap et un poulet yassa les pieds dans la rivière, mais c’est aussi une programmation cinématographique fouillée, originale et pleine de surprises. Beaucoup de jolis bijoux dans cette sélection toute en couleurs et en diversité.

On retiendra particulièrement le mystique court métrage haïtien « Tezen » de Shirley Bruno et le touchant « Fig Tree » de la cinéaste éthiopienne Aalam-Warqe Davidian. En plus de la compétition de court-métrage, d’une programmation pour le jeune public et de la large sélection de films venant de toute l’Afrique, Colin Dupré et Julie de Suremain ont fait cette année deux focus, « Regards algériens » et « Poésie en Haïti » en collaboration avec le Grin littéraire, la partie littérature du festival. Un beau programme donc.

Cinewax - Sur quels critères avez-vous sélectionné les films pour cette édition ?

Colin Dupré - On visionne énormément de films. A peu près 220 cette année. Les critères sont la qualité et l’originalité du point de vue, du fond, mais également du traitement de l’image. Nous avons des films qui n’ont été projeté nulle part ailleurs. Cette année nous avons présenté 6 films jamais diffusés en France. Africajarc est maintenant regardé par les autres festivals de cinémas africains, car nous avons réussi à nous positionner comme un révélateur de talents. Nous essayons d’avoir une sélection de films qui soit le reflet des différents peuples et qui ne soient pas un regard occidental pour les occidentaux. C’est également pour cette raison que nous ne limitons pas la programmation à l’Afrique francophone, amis que nous tentons d’élargir le plus possible.

Cinewax - Pourquoi avoir décidé de faire un focus autour de l’Algérie cette année ?

Julie de Suremain - Ce qui nous a décidé, c'est l’émergence de jeunes cinéastes militants qui essaient petit à petit de défendre la cause algérienne sous différents angles et qui dépeignent la jeunesse avec une certaine fatalité. Et avec les évènements actuels, il était évident qu’il fallait faire une séance spéciale Algérie. Le producteur de Latifa Saïd, la réalisatrice de « La Chambre » dont le court métrage a été projeté dans ce focus, nous avait envoyé ses courts métrages après que la sélection soit terminée pour la compétition. Au départ, nous étions prêts à lui dire de les représenter l’année prochaine. Mais au vu des évènements récents, nous nous sommes finalement dit qu’il fallait que l’on présente ces films dans une séance spéciale dédiée au cinéma algérien.

Cinewax - Pourquoi avoir lié Haïti et la poésie dans un des focus ?

Julie de Suremain - Les films que nous avons choisi apportent à notre sens un regard nouveau sur ce pays, que nous n’avons pas l’habitude de voir en Occident. C’est un pays d’une richesse artistique et d’une force incroyable. Par exemple, le premier film de Samuel Suffren est un film poétique car il met en image un poème de Jacques Roch. Le deuxième film « Tezen » de Shirley Bruno est tiré d’une légende que tout le peuple haïtien connaît, sur fond musical. Il s’agit d’une jeune fille qui va entretenir un lien de confiance avec le poisson d’une rivière qui va lui apporter une eau pure. Elle chantera pour se faire reconnaître par celui-ci. Il était important pour nous de montrer ce film car il est artistiquement très poétique et également car la musique haïtienne a une place très importante dans toutes les Antilles.

Cinewax - Quels sont les objectifs pour l’année prochaine ?

Colin Dupré - Tout d’abord, nous espérons nous intégrer correctement à la saison Afrique 2020, car notre festival a beaucoup de choses à apporter à mon sens, notamment en cinéma. Nous sentons également que cela peut aller bien plus loin. Les réalisateurs font un travail de fond dans leur propre pays et travaillent avec d’autres festivals. L’idée est de faire des échanges entre festivals internationalement parlant et de faire ainsi en sorte que les films soient diffusés dans le plus d’endroits possibles. Par ailleurs, nous avons remarqué que la plupart des films que nous avons sélectionné ont été réalisés par des cinéastes entre 30 et 40 ans qui ont vraiment beaucoup de choses à dire. Et nous souhaitons continuer à représenter la nouvelle génération de cinéastes en Afrique.

Propos recueillis par Chloé Ortolé - Rédactrice Cinewax 

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